Des lendemains qui chantent ou qui déchantent ?
DES LENDEMAINS QUI CHANTENT OU QUI DECHANTENT ?
« Rien ne sera plus comme avant », vraiment ?
L’arrivée d’une crise sanitaire sans précédents nous a d’abord sidérés puis conduits à faire le point. Nous avons appris beaucoup de choses et compris que nos certains de nos modes de vie pouvaient être suicidaires. Mais il faut tempérer notre éventuel optimisme et garder notre vigilance.
Nous savions que la globalisation la perte de la biodiversité et l’étalement des villes contribuaient au changement climatique et constituaient une circonstance favorable aux grandes pandémies mais en 2019, nous n’avions pas imaginé que c’était pour demain.
Nous savions que la gestion d’un état avait pour objectif l’amélioration des conditions de vie de tous les citoyens et nous nous sommes fait piéger par le l’individualisme qui cherche plutôt créer de la valeur au détriment du bien commun, des services publics, des inégalités et de la santé publique. Notre service hospitalier qui était un des meilleurs du monde est en train d’en pâtir.
Nous savions que nous avions majoritairement accepté la mondialisation et regretté de n’avoir mis en place que les mécanismes négatifs : les mécanismes qui rendent nos économies dépendantes. Nous n’avions pas pris à son bon niveau le risque que, outre la dépendance économique, ces mécanismes s’accompagnent d’une circulation des marchandises, des personnes… et des pandémies.
Nous savions que l’hyper mobilité polluait, consommait des ressources non renouvelables. Nous pensions que la vie de quartier, le commerce de proximité et l’apaisement de la ville étaient une alternative. Nous voyons que c’est dans le cadre d’une remise en cause globale, économique, sanitaire, et plus généralement au prix du respect de l’environnement que nous pourrons l’atteindre.
Comme nous sommes nombreux à partager ces constats, on entend dire souvent « rien ne sera plus comme avant ». Peut-on vraiment penser que cet énorme coup de semonce va changer le monde ?
Nous avons cru, après la crise financière de 2008, que beaucoup de choses pouvaient évoluer. En fait, l’hégémonie des banques est toujours aussi prégnante, l’argent public a permis de les renflouer tandis que de nombreuses familles étaient à la rue.
Dans le domaine de la ville et des mobilités on a assisté à des évènements qui laissent sceptique. L’exemple du pont Mathilde de Rouen, dont la destruction accidentelle avait débouché sur une période de bonne gestion des déplacements, est plus que décevant : le pont a été reconstruit à l’identique (sans pistes cyclables) et toutes les mesures prises pour surmonter la crise ont été annulées, lâchant de nouveau un trafic important en centre-ville.
Nous avons à gérer l’après 2020 : la mobilité du dé-confinement est un vrai sujet. Dans les grandes villes, les habitants sont peu motorisés et, contrairement à la situation habituelle, les transports collectifs ne sont pas actuellement la solution en raison de la promiscuité. Le retour de la voiture, supposée plus sûre alors que son habitacle est un endroit extrêmement pollué est à anticiper car, comme toujours, il est supposé répondre à un problème économique.
De plus, l’industrie automobile, supposée martyre de la crise sanitaire, veille à ses parts de marché, au lieu de se reconvertir comme elle aurait dû le faire depuis des années. En 2021, les aides iront peut-être moins aux banques qu’en 2008, mais risquent d’être dirigées vers les grandes entreprises et, en particulier, les constructeurs automobiles.
Dans ce contexte qui n’est pas favorable aux modes actifs Rue de l’avenir souhaite sur une rubrique du site qui lui sera consacré lancer le débat de la mobilité lors du déconfinement car cette période de quelques mois pourrait être aussi celui des solutions de rupture : les transports en commun risquent d’être délaissés mais il est possible de faire des choix politiques en faveur des modes actifs pour encourager les comportements vertueux.
De nombreuses personnes de mai à octobre 2020 peuvent en effet aussi faire le choix d’acheter ou louer un vélo ou un VAE, les municipalités peuvent décider de les aider financièrement, de mettre en place des parcours de vélo-rues et/ou de rues réservées au vélo et à la micromobilité sur les grands axes, d’encourager la marche par des parcours dédiés sur lesquels la chaussée sera aux piétons, de dissuader l’utilisation des voitures au centre-ville en créant une zone à trafic limité…….
Participez au débat et donnez vos idées pour favoriser les solutions alternatives sur la rubrique mobilités d’après du site www.ruedelavenir.com
Nous avons en effet à engager un nouveau chantier, celui d’une résilience collective dépassant les clivages partisans et lobbyistes, pour mettre en œuvre une ville respectueuse de l’environnement, apaisée et solidaire, offrant au plus de citoyens et citoyennes possible ses citoyens un contexte tendant à leur garantir leur santé et une mobilité frugale. Le monde associatif est en première ligne.
Rue de l’avenir – 11/4/2020