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Témoignages et hommages du 7 février 2025

Publié le 13 février 2025

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DISPARITION D’ANNE FAURE

le 24 janvier 2025

PRÉSIDENTE DE RUE DE L’AVENIR  2013-2025

 

TÉMOIGNAGES ET HOMMAGES DU 7 FÉVRIER 2025

(document en PDF)

Après une séquence sur la vie personnelle et familiale d’Anne Faure, animée par ses enfants Sarah et Martin, a ensuite été évoquée sa vie professionnelle et associative à travers plusieurs témoignages.

Témoignage de Marie PREMARTIN, vice-présidente de l’association Rue de l’Avenir.

Bonjour à toutes et à tous, je vous remercie au nom de l’association pour votre présence nombreuse cet après-midi.

Nous avons souhaité avec Sarah et Martin et le Bureau de l’association, organiser ce temps d’hommages à Anne. J’en profite pour remercier très chaleureusement Denis Moreau, le secrétaire général de l’association, qui interviendra tout à l’heure pour rappeler le parcours d’Anne dans l’association et qui a beaucoup œuvré pour l’organisation de cette rencontre, en lien avec Sarah et Martin et avec également Vincent Chas, délégué général et Frédérique Prédali, membre du Bureau.

Je prends donc le relais de Sarah et Martin pour introduire cette séquence sur la vie professionnelle et associative d’Anne. Et il y a tellement à dire, car Anne en tant qu’urbaniste a eu une vie professionnelle très intense et passionnée, produisant à la fois des études de terrain, des projets d’aménagement, mais aussi des études plus conceptuelles, des articles de recherche ou des ouvrages techniques, toujours autour de la problématique « comment rendre la ville apaisée, plus sûre, solidaire, et agréable à vivre, en donnant plus de place aux usagers piétons et cyclistes, en créant des espaces publics pour tous agréables et végétalisés».

Toutes ses productions ont unanimement été reconnues dans le milieu professionnel, des ministères aux collectivités. Et les témoignages affluent, d’élus voulant témoigner de leur grande émotion face à sa disparition.

Il s’avère que j’ai rencontré Anne, il y a quarante ans, au milieu des années 80, lors de mon 1er poste de jeune ingénieure au CETUR (centre d’études des transports urbains) dans le cadre du programme « Ville plus sûre, Quartiers sans accidents », mis en place par le CIV (comité interministériel pour les villes) et confié au CETUR.
C’est un programme d’expérimentations très novateur à l’époque, car l’objectif est de concilier trafic routier et vie locale, en améliorant simultanément sécurité routière et vie urbaine, en cherchant à changer les comportements des automobilistes par la perception de l’environnement, en prônant la concertation et la participation des habitants, en faisant travailler ensemble ingénieur et urbaniste sur des voies à trafic important comme des traversées d’agglomération ou des pénétrantes, en innovant sur les aménagements (place traversante, giratoire franchissable, réduction de chaussée …) et les matériaux, et autre dimension innovante : en s’intéressant au sentiment d’insécurité et pas seulement aux statistiques d’accidentologie.

Programme innovant également car une évaluation des différentes opérations est prévue et financée dès le départ. Une cinquantaine d’opérations d’aménagement sera réalisée dans toute la France.

J’étais chargée d’animer ce programme, en mettant en place un comité de pilotage où participait Anne Faure mandatée par l’INRETS (Institut national de recherche sur les transports et leur sécurité) pour assurer notamment l’évaluation du programme mais pas que !

Voilà comment je fais la connaissance d’Anne, qui déjà à l’époque, forte de ses années d’expériences professionnelles, apporte toute sa compétence, méthodologique et technique, et sa connaissance d’exemples européens notamment néerlandais. C’est aussi dans le cadre de ce programme qu’intervient un ingénieur et urbaniste hollandais Joost Vahl (décédé lui aussi en septembre 2024) qui a réalisé les 1ers woonerf à Delft. Il montrait notamment une diapo d’un village où la route frisait l’entrée des maisons où on voyait une chaise posée juste au bord et disait « c’est la ville des pieds courts » ! On s’inspire ainsi des woonerf hollandais (cours urbaines) ou des verkehrsberuhigung allemands (modération de la circulation), mais en l’adaptant aux voies à trafic important.

Dernière innovation : le programme comprend une phase d’expérimentation de 1984 à 1987, puis d’évaluation et de valorisation des acquis avec la production de documents méthodologiques et techniques (document « savoir-faire et technique » en 1990) et d’un programme de formation avec formation de formateurs.

Cette collaboration avec Anne a été très fructueuse car elle s’est totalement impliquée et a contribué activement à la production des documents, à la communication et poursuivra même au-delà l’évaluation puisqu’un autre document paraîtra en 1994 au CERTU sur l’évaluation complète du programme.

Évidemment, nous sommes devenues amies, car comme vous le savez, elle ne partitionnait pas sa vie, Anne était une passionnée, toujours en mouvement, très fiable, excellente pédagogue, et grande communicante, généreuse, élégante, rayonnante, tout en restant simple. Nous partagions les mêmes valeurs. Des relations professionnelles pouvaient alors devenir facilement des relations amicales.

Nous avons fait quelques fêtes ensemble et pour la petite histoire, j’ai été séduite par le prénom de son fils Martin, et j’ai proposé d’appeler l’un de nos fils Martin, mais n’ayant pas eu de fille, je n’ai pas pu l’appeler Sarah 😊 !

Parallèlement en 1988 l’association Rue de l’Avenir a été créée par Denis Moreau et a aussi valorisé le travail fait dans le cadre du programme Ville plus sûre, car cela correspondait bien à l’idée qu’il fallait stopper l’hégémonie routière et imaginer qu’une autre répartition de l’espace en ville est possible, ce qui a constitué l’ADN de l’association Rue de l’Avenir et Denis y reviendra tout à l’heure.

Nous avons poursuivi nos vies professionnelles, en nous donnant des nouvelles régulièrement et sommes restées adhérentes de Rue de l’Avenir. Anne me relançait régulièrement sur le thème, quand reviens-tu au Conseil d’Administration ? … quand je serai à la retraite … Elle n’a pas oublié et je me suis réengagée à l’été 2021.
Anne avait alors constitué le collectif Place aux piétons et j’ai accompagné Anne aux 1res assises de la marche en ville à Marseille et je me souviens très bien de notre discussion au bar du TGV en septembre … où, m’étonnant qu’elle me dise que cela faisait 10 ans qu’elle avait fermé son agence, elle me dit « mais j’ai 80 ans ou presque » ! et là je tombe littéralement du tabouret où j’étais installée ! tu rigoles ! pas possible ! tu fais si jeune, si énergique, si …

J’aurais évidemment eu un immense plaisir comme vous tous à poursuivre le chemin avec Anne, mais le destin en a décidé autrement, nous laissant un grand vide.

Nicole MULHRAD, Directeur de recherches émérite à l’IFSTTAR
Amie de longue date d’Anne et corédactrice avec elle de plusieurs articles, Nicole a livré un témoignage personnel, fort et émouvant, sur une époque où la résistance à la modération de la circulation et au partage de l’espace public était puissante.

Jean Claude GALLETY – Responsable de l’urbanisme au Centre technique pour la voirie et la mobilité (CETUR) et ami d’Anne. (Extrait du témoignage lu par Nicole MULHRAD)

« À travers ses articles, conférences, participations à des débats, Anne Faure jouera un rôle de passeur sur les concepts de voirie partagée, de sécurité routière et d’aménagement des espaces urbains.

Elle a par ailleurs réalisé l’ouvrage « Entre les tours et les barres. Restructurer les espaces publics des grands ensembles » (1996) dont l’objectif était de diffuser conseils et recommandations en direction des collectivités locales pour la transformation des espaces de voirie et des espaces publics des grands ensembles, dans le même esprit de son rapport précédemment cité.

En marge de ses activités professionnelles, puis ensuite au moment de sa retraite, elle s’est toujours engagée dans des fonctions militantes – même si ce mot est réducteur – s’agissant de l’aménagement de la rue et des actions en faveur des modes doux. Sa présidence de La rue de l’avenir en est une remarquable illustration.

Elle avait une connaissance large, une approche toujours perspicace, non dogmatique des choses de l’urbanisme et de l’aménagement, et les discussions avec elle étaient toujours d’une grande richesse.

Dans ses prises de position techniques, elle avait toujours une posture concrète, jamais théorique, modeste, ce qui faisait de son apport des propositions de grande évidence. Elle était toujours disponible pour discuter ou débattre sur tous ces sujets sans jamais se poser en donneur de leçons, ce qui était une grande qualité.»

Témoignage de Paul LECROART, Urbaniste Senior à l’Institut Paris Région,

lu par Frédérique PREDALI, Chargée d’études à l’Institut Paris Région,
membre du bureau de Rue de l’Avenir.

« Ma rencontre avec Anne date, je crois, de mes premiers contacts avec Rue de l’Avenir en 1991, présidée alors par Denis Moreau. Je rédigeais mon mémoire de DESS sur l’apaisement de l’espace public dans l’Est parisien et j’avais été très favorablement impressionné par les ouvrages de synthèse du programme pionnier « Villes plus sûres, quartiers sans accidents » et « Voies et villes » auxquels elle avait contribué, avec Marie Prémartin.

D’emblée, en tant qu’urbaniste, je me suis senti en phase avec la manière qu’Anne avait de penser la ville comme un tout, le partage de l’espace public et l’organisation des déplacements étant en constante interaction avec les formes et les structures urbaines.

L’ouvrage « Entre les tours et les barres. Restructurer l’espace public des grands ensembles » (1996) dirigé par Anne a eu un impact considérable dans le milieu de l’urbanisme et de la politique de la ville. Anne a montré que réintroduire de la mixité d’usage et de la vie sociale impliquait de dessiner des rues, des places, des squares, là où l’on avait des espaces indéfinis ou des parkings.

C’est lors du congrès Vulnerabilis à Lyon en 1997, qu’Anne m’a fait rencontrer Lydia Bonanomi de l’EPFL de Lausanne dont l’ouvrage « Le Temps des rues » était depuis 1990 une référence pour nous tous. On était tous trois convaincus qu’un « urbanisme des courtes distances » était encore possible à condition de remettre l’humain-piéton au centre de toutes les politiques urbaines.

Anne avait une grande ouverture à l’international et une connaissance intime et historique des démarches innovantes des villes suisses, néerlandaises ou britanniques et autres. Cette expérience lui permettait d’avoir souvent un temps d’avance.

En 2004, l’étude d’Arch’Urba en collaboration avec O’Zone Architectures pour la RATP intitulée « Habitat sans stationnement » révélait comment construire des logements soit à moindre coût (intérêt social), soit plus grands, avec un balcon (qualités d’usage), ou encore avec des jardins en pleine terre (bénéfice écologique), et avec une réduction de l’usage de l’automobile (bénéfice sociétal). Vingt ans après, ces solutions vertueuses sont plus que jamais d’actualité face aux crises du logement, du climat et du vivant.

Le désir de repenser une ville « marchable » a été aussi un sujet commun, appuyé là encore sur les contacts qu’Anne avait noué avec le réseau mondial Walk21 (En 20 ans, elle est citée 8 fois pour des contributions à Walk21 au titre de Rue de l’Avenir).

En tant que présidente de la Rue de l’Avenir, Anne a réussi à nouer des alliances et une stratégie médiatique qui ont permis de toucher un plus large public.

Pour réussir à abattre les murs, il fallait avoir une forte personnalité et Anne n’en manquait pas. Elle avait aussi de grandes capacités d’analyse, de synthèse et de conviction.
Mais avant tout, ce qui me restera ce sont ses qualités d’écoute, sa gentillesse, sa chaleur et sa modestie, compte tenu de sa grande expérience.
Anne était une amie. Elle va nous manquer ».

Hommage de l’association Rue de l’Avenir

Denis MOREAU, secrétaire général de l’association
Président de Rue de l’Avenir (1988-1992)

En ce qui me concerne j’ai connu Anne lorsque j’étais au bureau de la Ligue contre la violence routière, dont Geneviève Jurgensen était la présidente. Nous avions organisé en novembre 1987 une opération Rue de l’Avenir dans 25 villes de France et à la suite de cette initiative la Rue de l’Avenir a été créée avec d’un côté les associations spécialisées dans les déplacements et, de l’autre, les associations du monde de l’éducation. Anne a rejoint la Rue de l’Avenir en tant que membre fondatrice à titre individuel en juillet 1988.

Pendant les 11 années de présidence d’Anne de 2013 à 2025, Rue de l’Avenir a incontestablement tout d’abord CHANGE de BRAQUET.
La grande marcheuse qu’était Anne ne m’en voudra pas d’avoir utilisé cette expression, elle qui a œuvré avec tant d’ardeur en faveur de la cohabitation cyclistes et piétons tout en soulignant que la question principale était la violence de nombreux automobilistes à bord de voitures de plus en plus puissantes.

Changement de braquet d’abord dans la structuration de l’association par sa rigueur dans la tenue comptable et sa vigilance concernant les ressources de l’association.

Cette structuration est aussi passée par une plus grande proximité avec les correspondants locaux qui lui permettait d’être réactive à leurs idées sur l’organisation, le fonctionnement de l’association et ses projets.

Changement de braquet aussi pour les supports de communication.

Son savoir-faire, son souci d’une écriture fluide, son plaisir de faire et d’avoir des photos qui accompagnaient les textes publiés ont été des éléments essentiels de cette mutation. Les documents signés Rue de l’Avenir devaient en effet impérativement avoir une présentation de qualité (Bulletins, Présentations, Rapports d’activité…) et merci à Martin de nous avoir, avec son talent, aider à relever le challenge.

Mais au-delà des supports, Anne, comme me le disait Abel Guggenheim cette semaine, a su rendre compréhensible ce qu’était Rue de l’Avenir et ses objectifs. Avant la présidence d’Anne, Rue de l’Avenir était, certes, une association active, mais « non identifiée !» C’est quoi « Rue de l’Avenir »?…

Changement de braquet enfin, de ce fait, pour le rayonnement de Rue de l’Avenir.
Elle a su expliquer avec des mots simples les objectifs de Rue de l’Avenir, en particulier dans les médias, mais aussi auprès des administrations, du Conseil National de la Sécurité Routière et de nos partenaires en France ou à l’étranger compte tenu de ses contacts internationaux et en particulier du « Réseau Rue ».

Ensuite pendant ces années 2013-2025 de la LONGUE MARCHE de Rue de l’Avenir commencée en 1988 pour une « ville plus sûre, plus solidaire et plus agréable », Anne a pu, pendant sa présidence, intensifier et rendre quasi permanents les liens avec les partenaires de l’association. Ce sont, menées avec les différentes équipes qui se sont succédées, les belles aventures :

du collectif pour la ville 30 avec, en 2013, le travail pour une communication commune avec la Campagne des municipales de 2014 en ligne de mire ;

du collectif des Rues aux enfants, rues pour tous mis en place en 2015 avec l’Association des conseils d’enfants et de jeunes, le Cafézoïde et Vivacités Ile de France et qui va fêter ses dix ans ;

Anne a d’ailleurs, dans ce cadre des rues aux enfants, remis des labels aux porteurs de projets à Semur en Auxois en Côte d’Or en 2018 et à Nantes pour «le Grand bain » en 2020 ;

L’aventure également du collectif Place aux piétons créé en juin 2020 avec la Fédération Française de Randonnée Pédestre et 60 millions de piétons, lors de la séquence dramatique du COVID et élargie depuis au Réseau Vélo et Marche
La création de Place au piéton, a vu le lancement d’une dynamique remarquable et de nouvelles amitiés ;

Celle de l’organisation en 2023 avec le Club des villes et territoires cyclables et marchables, en lien avec nos fidèles partenaires du comité de pilotage (FUB, FNAUT, FNE) de la campagne « Ville apaisée quartiers à vivre » lancée avec le soutien du Ministère de l’aménagement du territoire et de la transition écologique, du Ministère de l’Intérieur, de la ville de Paris et de l’ADEME ;

et l’aventure enfin du groupe de travail « Cohabitation piétons cyclistes » qui a publié un premier rapport de qualité en octobre 2024.

Tous ces collectifs ou groupes de travail ont bénéficié des qualités d’écoute, des talents de médiatrice et de rédactrice d’Anne.

Ces partenariats ont également concerné le CEREMA, avec lequel une collaboration fructueuse s’est engagée à plusieurs reprises en particulier à l’occasion de la publication du guide du piéton édité pendant le confinement mais aussi sur la sécurité aux abords des écoles et la réduction du trafic automobile.

Je dirai qu’Anne a également enrichi notre réflexion car, compte tenu de son itinéraire, elle a :

  1. tout d’abord contribué, au sein du collectif Rue de l’Avenir, à façonner l’ADN de l’association sur l’espace public et son partage, la vitesse en ville, la réduction du trafic automobile, la ville agréable qui est une ville plus sûre, sur l’avenir de la rue….
  2. ensuite permis d’engager aussi un renouvellement du positionnement de Rue de l’Avenir, en particulier sur les enjeux de la ville désormais confrontée à la crise climatique et énergétique.
  3. enfin approfondi, par ses nombreux plaidoyers, l’approche engagée sur la marche par Jacques Hennebert.

Ses argumentaires solides et complets au niveau des enjeux, en particulier pour la santé, sont étroitement liés à sa passion pour la ville et l’espace public pour lesquels on doit « penser piéton »
La première fiche qu’elle a piloté en novembre 2012 s’intitule « La marche et l’espace public ».
Elle a aussi, sur la marche, ouvert de nouveaux chantiers en particulier, avec Frédéric Héran, celui sur les « Retombées économiques de la marche » qui lui tenait tant à cœur et dont les travaux sont toujours en cours.

Souvent quand elle présentait, avec un diaporama attrayant, les actions de Rue de l’Avenir, elle reprenait l’expression selon laquelle la Rue de l’Avenir était un laboratoire d’idées et une association d’éducation populaire.

Si on rajoute sa passion du terrain et de la rencontre avec les habitants et les collectivités locales, on retrouve bien notre chère Anne Faure.

A la prochaine assemblée générale elle aurait sans doute déclaré « Si quelqu’un veut ma place, je lui laisse bien volontiers » et il y aurait eu un grand silence.
Aujourd’hui les mots du silence précèdent une déclaration qui n’aura jamais lieu.

Ils nous mettent face à une responsabilité commune : celle de trouver collectivement un chemin pour la poursuite de Rue de l’Avenir en pensant, comme Anne, aux générations futures et à la ville désirable pour tous mais, peut-être, aussi en continuant à forger dans ce monde cassé un imaginaire.

Paraphrasant Nicholas Shakespeare, je dirai qu’à Rue de l’Avenir « nous avons réussi parce ce que nous avons commencé par le rêve », et qu’il faut continuer à porter les rêves d’Anne et les nôtres.

Hommage de Catherine PILON, amie d’Anne FAURE et codirectrice du Réseau Vélo et Marche

Quelle peine immense nous ressentons depuis 15 jours, d’avoir perdu Anne.

Nombreux sont les élus du Club, les membres de l’équipe à avoir témoigné de leur chagrin, tant ils éprouvaient de plaisir à travailler à ses côtés. Et c’est la même chose dans toutes les associations partenaires du collectif Place aux piétons.

Nous avons été saisis par la brutalité de sa disparition. C’est arrivé sans que personne ne puisse l’imaginer, tant elle avait l’air infatigable.

Mardi nous étions avec elle pour préparer une visite à Avignon. Et elle nous comblait de son expérience antérieure, de son enthousiasme et de son sourire gourmand à l’idée de proposer un nouveau rendez-vous à notre campagne pour des villes apaisées.
Jeudi nous l’avons attendu. Son absence nous étonnait, car elle ne faisait jamais faux bond. Ce n’était pas son genre
La réunion d’après, la semaine suivante, nous savions, et son absence a été bruyante dans nos cœurs.

Anne a été une femme inspirante, à la fois sachante et modeste, qui a fait de ses dadas des causes partagées, en réunissant autour d’elle des personnes de plus en plus nombreuses à partager son point de vue.

Infatigable, avec l’équipe de la rue de l’Avenir, elle a inspiré des générations d’élu.es et de techniciens pour imaginer des villes plus résilientes, plus inclusives, plus heureuses.

Je me souviens que jeune élue en charge des mobilités, à Montreuil, j’ai été tellement contente de tomber dans la Rue de l’avenir !
J’y trouvais du fond, bien sûr qui m’aidait à penser ma politique mais aussi une grande générosité dans le partage d’expériences, le soutien collectif à ne pas renoncer, parce que quand même on peut se le dire, la ville apaisée, c’est un combat !

Bosseuse, elle était aussi soucieuse de partager des moments conviviaux, et je garde en mémoire tellement de soirées et de moments festifs.
Cet été nous étions toutes les deux à Pau pour intervenir aux universités d’été des urbanistes. Après une soirée bien arrosée, la pluie s’est mise à tomber à la mode béarnaise, c’est-à-dire qu’on ne parle ni de bruine, ni de gouttes mais de seaux d’eau !

Un verre de Jurançon plus tard, l’orage faisait toujours rage. Et je me souviens du regard pétillant de Anne qui me dit, on ne va pas se laisser impressionner par une petite pluie ! Et nous avons cavalé à travers les rues et sauté dans les flaques, pour rejoindre notre hôtel, complètement trempées et amusées comme des gamines.

Anne tu vas me manquer, mais tu peux compter sur moi, sur nous, tes combats sont nos combats et on ne va pas les lâcher.

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