Nouvelles technologies
Ces premières années du 21ème siècle ont connu l’apparition de technologies innovantes et puissantes que ce soit dans le domaine de la mobilité, des communications et des échanges de données. Bien malin donc qui peut affirmer comment on se déplacera demain en ville !
On peut cependant dégager certaines tendances au regard de ce que l’on peut observer en ce début de siècle. La mobilité évoluera vraisemblablement vers les items déclinés ci-dessous et elle sera, bien évidemment, très différente de celle que l’on a connu depuis la création de notre association. Notre réflexion devra intégrer ces mutations en préservant nos valeurs et nos engagements.
La motorisation électrique à deux, trois ou quatre roues
Avoir à disposition un véhicule personnel restera sans doute encore longtemps une nécessité particulièrement dans le grand périurbain ou en milieu rural. Mais sa motorisation devrait migrer majoritairement vers l’électrique, le coût de la mobilité pour le consommateur diminuera donc sensiblement, elle sera une réponse au problème des rejets de gaz à effet de serre dû à la motorisation thermique classique, mais se poseront inévitablement les questions du maintien d’émissions de particules fines, de l’origine de l’électricité et celle de l’approvisionnement en matières premières notamment pour les batteries.
Dans la quasi-totalité des grands centres urbains les décideurs ont la volonté de réduire drastiquement la place dédiée à la voiture classique et ceci au profit de la sécurité et de la reconquête de la ville. Le risque existe, avec la facilitation du développement des véhicules électriques, que cette volonté politique s’en trouve affaiblie.
Par ailleurs thermique ou électrique, une voiture reste une voiture avec son cortège de nuisances en milieu urbain. Le faible cout (ressenti) de la recharge va-t-il développer la périurbanisation ? Encourager l’utilisation déraisonnable du véhicule particulier au détriment des modes doux et des transports en commun ? À suivre…
La voiture autonome
Sera-t-elle vecteur de sécurité routière dans la mesure où elle respectera mécaniquement le code de la route ? Sera -t-elle la réponse aux séniors qui, l’âge venant, devront faire le deuil de leur permis de conduire, elles et eux qui auront vécu avec une voiture individuelle en permanence sous la main ?
La voiture partagée
Le divorce entre ville et voiture ne semble pas être proche, mais la réflexion vers une phase transitoire entre voiture individuelle et voiture partagée est bien entamée, la valeur de possession semble céder de plus en plus le pas à la valeur d’usage.
La voiture partagée, autonome ou non, a sa place dans la pluri-modalité en particulier des transports en commun que ce soit en termes de tarification que de facilitation des ruptures de charge.
Le véhicule connecté
L’« Urban Data » : comment valoriser ces milliards de données collectées sur la mobilité en ville sans porter atteinte aux libertés individuelles ? L’analyse des données relatives aux déplacements tant des piétons, cyclistes et véhicules de transport en commun que des voitures et camions devrait améliorer la fluidité et la sécurité des trafics, jusqu’à quelle limite ? Bien sûr ces analyses de volume de trafics devraient optimiser la consommation d’espace en identifiant les voiries sous ou sur exploitées mais pour quelle qualité de ville ?
La pluri-mobilité
Pour des questions de consommation d’espace et d’équité sociale il faudra développer les transports collectifs particulièrement sur des axes lourds structurants, la chaîne des mobilités composera leur approche : marche, transport à la demande autonome ou non, pratique du cyclisme avec embarquement dans ceux-ci ou dépose en consigne sécurisée ; la pluri modalité devrait succéder à la mono mobilité, Il faudra savoir tout utiliser et les AOM créer des partenariats entre offres de voitures en partage, transports en commun et vélos en libre-service.
L’organisation de la voirie au défi de la glisse
La tendance actuelle est de découper la voirie en trottoir, bande cyclable, couloir bus, espace dédié à la voiture individuelle en mouvement ou en stationnement. Cette politique résistera-telle à l’apparition des nouveaux engins de déplacement ( Gyroroue, hoverboard, rollers, trottinettes et gyropodes électriques) qui glissent dans l’espace public sans tenir compte des usages classiques ? Ou faudra-t-il repenser cette partition pour aller vers un vivre ensemble la voirie ?
Une pratique du vélo facilitée par le VAE
Le VAE (vélo à assistance électrique), dont l’usage se développe rapidement est une aide non négligeable pour des villes à la topographie ingrate, ainsi que pour les cyclistes peu sportifs, ou âgés pour autant que la ville soit aménagée en pleine considération de la pratique vélocipédique !
De nouveaux outils au service des piétons
Calcul d’itinéraire, guidage vocal, info trafic, ces applications facilitent la marche quand on n’est pas habitué au quartier traversé.
Des habitudes d’achat en pleine mutation
Le e-commerce par ordinateur, tablette et smartphone, se banalise, la livraison des achats se modifie considérablement entrainant une refonte du « dernier km » et par là, l’occupation des voiries.
Ces multiples innovations ou mutations apparaissent les unes après les autres, au jour le jour…et provoquent notre étonnement, notre admiration voire nos inquiétudes. Si la modernité n’est pas toujours une ennemie, elle n’est pas toujours une alliée ! Ce qui est sûr, c’est que nous sommes face à un double besoin de modernité :
• une exigence forte de choix politiques sociaux, environnementaux et économiques adaptée à ces enjeux,
• et un changement dans nos têtes à propos de notre conception du déplacement urbain.
Toutefois il apparaît essentiel d’intégrer la réflexion sur les nouvelles mobilités à la question du développement équilibré des territoires, au devenir de l’espace public et à « l’ardente obligation » que nos villes deviennent à terme soutenables. La mobilité, qu’elle soit nouvelle, prétendument « propre » car électrique, ou « autonome » n’est pas, en effet, une fin en soi mais un moyen de servir des territoires et leurs habitants. L’aspect individualisé des pratiques de mobilité ne doit pas faire oublier la vocation collective des espaces publics.
Or, dans cette période de mutation nécessaire des modèles de développement et de diffusion de nouvelles technologies, les mobilités sont soutenues par de multiples intérêts économiques qui s’organisent en lobbies efficaces pour vendre des produits qui, souvent, séduisent les collectivités territoriales qui souhaitent jouer la carte de l’innovation tout en ménageant la place du véhicule motorisé qui occupe 80% de l’espace public urbain.
Le rôle de « rue de l’avenir »
Laboratoire d’idées et force de proposition, tel est le rôle actuel de notre association, rôle qu’elle poursuivra en tenant compte des innovations technologiques qui ne manqueront pas d’apparaitre tout comme des évolutions sociétales et réglementaires à venir ; il appartiendra à nos successeurs de rester vigilants sur un partage de l’espace public équitable, de porter une attention particulière à l’équité sociale, de promouvoir une qualité de ville conviviale et durable.