Les zones 30 – des objectifs, une ambition
Il y a vingt ans, le 29 novembre 1990, un décret intervenait pour définir les règles en matière de modération et de modulation de la vitesse en milieu urbain. C’était la possibilité pour les villes de créer une « zone de circulation homogène où la vitesse est limitée à 30km/h ». La zone 30, concept issu de « la rue à vivre » des Pays-Bas, permettait ainsi, sur une rue ou un quartier, de privilégier les fonctions urbaines par rapport à la circulation du flux automobile. Expérimentée avec succès en France dans le cadre du programme national « Ville plus sûre, Quartiers sans accident », dans les années 1980, cette mesure avait un objectif prioritaire : modérer la circulation automobile sur le plan de la vitesse mais aussi quant au nombre de véhicules.
On venait de comprendre que la modération de la circulation automobile était le moyen tout à la fois de :
- réduire le nombre et la gravité des accidents et l’insécurité subjective ;
- requalifier l’espace public pour développer son usage convivial, la vie quotidienne et modifier les normes de comportement ;
- permettre une plus grande liberté de mouvements des piétons et des cyclistes ;
- améliorer le cadre de vie en réduisant la pollution par une conduite plus calme et par la réduction de l’usage des véhicules motorisés.
Depuis, la démarche Code de la Rue est venue consolider ces différents points. Le décret du 30 juillet 2008, qui s’en inspire, instaure le principe essentiel du respect du plus faible par le plus fort, la création de la zone de rencontre et des doubles sens cyclables dans les zones 30 et les zones de rencontre. Il souligne également la nécessité d’un aménagement cohérent avec l’objectif de modération de la vitesse Très rapidement le progrès que constitue la mise en œuvre des zones 30 a fait naître une ambition plus fondamentale, celle « d’inverser la réglementation en matière de limitation de vitesse, la norme devenant le 30 km/h en ville avec mise à 50 km/h de certaines rues… » Cette idée ne date pas d’hier puisqu’elle a été émise en janvier 1996, lors d’un séminaire organisé à Lille par « Rue de l’Avenir » par Bernard Durand, alors adjoint au Délégué Interministériel à la Sécurité Routière.
La ville à 30 – une ambition retrouvée
En ville, l’exploitant dispose désormais d’une panoplie enrichie et hiérarchisée de « zones particulières de circulation ». Celles-ci renvoient à l’aire piétonne, à la zone de rencontre et à la zone 30. Aujourd’hui ces zones sont « particulières » et le « normal » est ailleurs, là où les autos roulent sans trop d’empêchement. Or, l’ambition, répétons-le, est d’inverser cette logique. Il pourrait y avoir, en ville, trois modalités « normales » d’exploitation : aire piétonne, zone de rencontre, zone 30. En revanche, les quelques rues, avenues et boulevards à 50 km/h (voire 70 km/h) seraient les voies à régime « particulier ». Le fil directeur de la rencontre régionale d’Arles sera donc d’analyser à partir de l’expérience des zones 30 (y compris le double sens cyclable) et, le cas échéant, des zones de rencontre, les enseignements qui peuvent en être tirés pour influencer un éventuel changement de paradigme en faveur de la ville à 30.
Ces enseignements seront appréhendés au regard
- des résultats sur le plan de la sécurité (réduction de la vitesse, baisse du nombre et de la gravité des accidents, implication des piétons et cyclistes),
- de l’impact en ce qui concerne le développement et les conditions de la pratique des modes doux de déplacement (vélo, marche),
- de qualité de vie (changement de comportement, développement durable, qualité de l’espace urbain).
Les enseignements concerneront également les volontés politiques exprimées ; les démarches adoptées.